« La clé pour être heureux est de savoir que vous avez le pouvoir de choisir ce qui doit être accepté et ce qui doit être abandonné. » ~ Dodinsky
Cela m’a frappé alors que je conduisais à toute vitesse sur une autoroute très fréquentée en me rendant chez un ami.
Tremblante comme une feuille, je suis sortie de la voiture et me suis tenue au bord de la route. J’ai désespérément avalé de l’air frais, tentative frénétique pour me calmer.
C’était la neuvième journée consécutive que je vivais une vague de panique si intense que j’avais l’impression d’être sur le point de mourir. C’était absolument insupportable.
J’étais préoccupée par tout le travail qu’il me restait à faire sur la thèse de mon Master et je m’en voulais d’avoir pris un jour de congé afin de passer du temps avec des amis, alors que j’aurais dû travailler. Soudain, ma gorge s’est refermée, ma poitrine s’est serrée et mes mains ont tellement tremblé que j’étais persuadée que j’allais perdre le contrôle de la voiture.
C’était la goutte de trop.
J’attendais une solution magique, un sauveur miraculeux, un truc surnaturel qui me sortirait de mon état d’inquiétude quasi constant. J’attendais que l’univers agite sa baguette et m’accorde enfin une vie normale. Ça n’arrivait pas.
Je n’étais pas prête à affronter le travail que je devais faire pour arrêter de me livrer à mes sombres prédictions sur l’avenir. Plus important encore, je ne savais même pas en quoi consistait ce travail. Mais ce jour-là, j’ai pris la décision de trouver la clé d’une vie heureuse et de commencer à me mettre sérieusement à la tâche.
Je ne pouvais plus vivre comme ça plus longtemps.
Cela fait maintenant trois ans.
Plus vous pratiquez et plus vous réussissez
Le problème est que, pendant très longtemps, j’ai « pratiqué l’inquiétude » à propos de tout.
Je m’inquiétais de ce que les gens pensaient de moi, je m’inquiétais de ce qui pourrait arriver à ma santé, je m’inquiétais de savoir si j’aurais la carrière que je désirais.
J’ai également « pratiqué l’inquiétude » et la myriade d’émotions désagréables qui l’accompagnaient, avec la nourriture, l’alcool et le sexe. J’ai utilisé des substances (et le corps d’autres personnes) pour me sentir bien, pour me changer les idées et pour me donner un moment de détente.
Mais en-dessous, l’inquiétude était toujours là ; ces « béquilles » ne faisaient que la masquer. Au lieu de faire attention à ce qui se passait réellement dans ma tête et de me rendre compte que mes pensées créaient une réalité qui n’existait pas vraiment, je me suis exercée à dissimuler mon désespoir en espérant que cette béquille serait la bonne.
J’avais des habitudes alimentaires qui m’apportaient une satisfaction ou un soulagement à court terme, mais je les savais être destructives à la longue (je sais aussi que je ne suis pas la seule).
Beaucoup d’entre nous passons nos journées guidés par nos habitudes – les aliments que nous prenons au petit-déjeuner, la route que nous prenons pour aller au travail, même les pensées que nous entretenons. Celles-ci deviennent les actions que nous posons, encore et encore.
Et plus nous pratiquons, plus nous réussissons.
Que pratiquez-vous ?
Voici un petit sujet de réflexion : quelles sont les habitudes dans votre vie en ce moment ? Quelles pensées avez-vous chaque jour ? Vous servent-elles ou non ?
Nous ne pensons peut-être pas aux habitudes comme à une pratique, mais c’est exactement ce qu’elles sont. Chaque jour, nous pratiquons être le type de personnes que nous voulons être, que nous le réalisions ou non.
Mon anxiété, bien que ce fût pour moi une expérience très réelle (et souvent terrifiante), était une habitude. Je m’exerçais à être le genre de personne qui était constamment stressée et inquiète pour tout. De nos jours cependant, je m’exerce à être le genre de personne qui conscientise ses pensées, connaît ses limites, prend soin d’elle-même et fait un choix différent chaque fois que sa vieille copine Anxiété revient à la charge.
Réfléchissez-y.
- Combien de fois par jour nous plaignons- nous que les choses ne sont pas ce que nous voulons qu’elles soient ?
- Combien de fois par jour nous déconnectons-nous des autres et nous laissons-nous distraire par la technologie ?
- Combien de fois par jour nous inquiétons-nous de choses qui ne se sont pas encore produites ?
La réponse est probablement beaucoup.
Nous sommes des experts dans ce domaine. Après tout, la clé de la maîtrise de toute compétence est la répétition. Si nous répétons suffisamment une action spécifique, nous finirons par acquérir la fluidité et la compétence nécessaires.
C’est pourquoi le vrai secret du bonheur réside dans nos habitudes quotidiennes plutôt que dans les «solutions miracles» qui nous rendront heureux, pensons-nous trop souvent.
Pratiques quotidiennes pour une vie plus heureuse
Alors que se passe-t-il si nous prenons conscience des habitudes qui régissent nos vies et que nous les transformons ?
Et si nous commencions à pratiquer des choses que nous voulons vraiment maitriser? Et si, au lieu d’en faire une mission insurmontable, nous posions simplement l’intention de vivre de cette façon, en faisant de petits pas dans cette direction chaque fois que nous le pouvons ?
Rappelez-vous : plus nous pratiquons et plus nous réussissons.
Dans cet esprit, voici quelques suggestions d’habitudes que nous pourrions commencer à pratiquer chaque jour afin d’avoir une vie plus heureuse.
- Gentillesse
- Compassion
- Générosité
- Acceptation
- Tolérance
- Présence
- Écoute
- Pardon
- Relaxation
Ces habitudes s’exprimeront différemment pour chacun d’entre nous, mais l’intention derrière sera la même : identifier nos habitudes destructrices et faire un choix différent.
Personnellement, j’ai trouvé trois méthodes très efficaces pour commencer à introduire de nouvelles pratiques dans nos vies.
1. Identifiez votre pilote automatique
Nous devons identifier notre pilote automatique habituel pour pouvoir y remédier.
Prendre conscience de la façon dont nous vivons notre vie quotidienne – les choix que nous faisons, les personnes que nous fréquentons et les histoires que nous nous racontons, nous aident à nous rappeler qui nous sommes vraiment et ce que nous voulons véritablement. Cela nous aide également à prendre des décisions plus conscientes sur la manière dont nous agissons afin de choisir notre réponse plutôt que de réagir par habitude.
La meilleure façon de le faire est d’abord d’établir une liste de toutes les situations où vous savez déjà que vous avez tendance à passer en pilote automatique.
Par exemple, vous pouvez reconnaître que vous passez souvent votre pause-repas à consulter Facebook, puis que vous vous sentez mal après vous être comparé à d’autres personnes, ou bien que vous imaginez régulièrement les pires scénarios lorsque vous êtes au lit la nuit.
Une fois que vous avez pris conscience de ce que vous faites, vous pouvez alors décider de faire un choix différent la prochaine fois que vous vous retrouverez dans la même situation.
Mais je dois être honnête. Cela prend du temps.
Au début, il m’était difficile d’identifier le moment où mon mental s’inquiétait parce que c’était si naturel pour moi. Mais une fois que j’ai commencé à accorder plus d’attention à mes pensées et à mes comportements habituels, j’ai trouvé qu’il était beaucoup plus facile de changer de scénario dans de telles situations et de pratiquer plutôt une respiration profonde pour me détendre.
Passage à l’action : prenez un instant pour penser aux moments où vous savez déjà que votre pilote automatique prend le dessus. Que pourriez-vous faire dans ces moments pour briser ce schéma, vous ré-engager dans le monde et faire un choix différent ?
Rappelez-vous : plus nous pratiquons et plus nous réussissons.
2. Concentrez-vous sur vos sensations physiques
Une autre excellente façon de pratiquer de nouvelles habitudes est de se concentrer sur les sensations qu’elles provoquent dans notre corps. J’aime penser à cela en termes d’ouverture (expansion) et de resserrement (contraction). Je me sens généralement assez ouverte et le cœur tendre lorsque je pratique la gentillesse, par exemple, mais je ressens une contraction et une tension dans mon ventre lorsque je pratique le fait d’être impoli.
Notre ressenti d’expansion ou de contraction dans notre corps peut servir de «raccourci conscient», ce qui nous permet de déterminer facilement ce qui se passe dans notre tête.
Si nous nous concentrons sur ce que nous ressentons physiquement dans notre corps et sur les sensations que nos habitudes nous procurent, nous pouvons vraiment commencer à faire la distinction entre celles qui nous servent et celles qui ne nous aident pas du tout. Comme nos sensations physiques sont souvent directement liées à notre expérience émotionnelle, cela nous donnera également un peu de motivation pour continuer à pratiquer les choses qui nous procurent une sensation d’expansion.
Le problème que la plupart d’entre nous rencontrons ici est que nous vivons la plupart du temps en nous sentant complètement déconnectés de notre corps. En fait, ce n’est que lorsque j’ai vraiment commencé à m’investir dans le yoga que je me suis rendu compte que mon corps me donnait constamment des signaux importants – et que je les ignorais totalement.
La meilleure façon de commencer à observer votre corps est de rester immobile et de noter vos sensations physiques, même si vous ne le faites que quelques instants par jour. Plus vous écouterez votre corps, plus vous serez en mesure d’entendre ce qu’il essaie de vous dire.
Quand j’ai commencé à faire attention à mon corps, j’ai remarqué à quel point différentes pensées m’affectaient de manière complètement distincte. Mon inquiétude provoquait des sensations de contraction et de tension douloureuses par exemple, alors que des pensées calmes créaient une détente et une ouverture. Cela m’a permis d’identifier mes pensées négatives et de choisir de me concentrer sur ma respiration dans le moment présent plutôt que sur ma « fausse » réalité.
Passage à l’action : commencez votre journée en vous posant l’une de ces questions :
- « Comment est-ce que je veux me sentir aujourd’hui ? »
- « Qu’est-ce que je veux pratiquer aujourd’hui ? »
- « Comment est-ce que je veux vivre aujourd’hui ? »
Puis vérifiez régulièrement tout au long de la journée (n’hésitez pas à créer une alarme sur votre téléphone !) les sensations de votre corps. Portez une attention particulière à votre cœur, à votre plexus solaire et à votre ventre. Y-a-t-il une sensation d’expansion ou de contraction ? Cela correspond-il à ce que vous voulez ressentir ? Que pratiquez-vous actuellement ? Cela correspond-il à ce que vous voulez pratiquer ?
Rappelez-vous : plus nous pratiquons et plus nous réussissons.
3. Posez une intention
Nous pouvons aussi pratiquer de nouvelles habitudes en affirmant simplement que c’est notre intention de le faire.
Les intentions sont parfaites car elles sont conçues pour être des lignes directrices plutôt que des objectifs. Avec les objectifs, il est beaucoup trop facile de se flageller si on ne les atteint pas, mais avec une intention, on peut recommencer tout simplement.
Si nous posons l’intention d’être gentil, compatissant ou généreux le matin, nous serons également beaucoup plus susceptibles de saisir l’occasion de le pratiquer à mesure que la journée avance. Cela nous aide à prendre des décisions plus en phase avec les personnes que nous voulons être, car notre intention restera encore fraîche dans notre esprit.
Par exemple, j’ai récemment annoncé mon intention de pratiquer le pardon. J’ai réalisé que j’avais gardé tant de ressentiment, de colère et de reproches envers moi-même (et envers les autres) au sujet de mon anxiété. Je me sentais tellement en colère contre mon passé : les années que j’avais passées à essayer de plaire à d’autres personnes au détriment de mes propres besoins ; le comportement extrêmement dominant de mon premier petit ami, ce qui m’a laissé un sentiment de faiblesse extrême ; et la pression que j’avais ressentie en grandissant pour être «parfaite».
Ainsi, chaque matin, j’écoute une méditation sur le pardon qui implique de répéter : «Je vois et ressens la souffrance que tu m’as causée et mon intention est de te pardonner. » Puis, alors que je suis sur le point de commencer ma journée, je me rappelle que mon intention est de continuer à pratiquer le pardon.
Ai-je encore pardonné à tout le monde (ou à moi-même) ? Non. Mais là n’est pas la question.
Le fait est que chaque jour, je pratique.
Passage à l’action : choisissez au moins une nouvelle habitude que vous aimeriez commencer à pratiquer. Comment pouvez-vous définir cette intention pour vous chaque jour ? Comment pouvez-vous vous rappeler cette intention lorsque vous vous écartez ?
Rappelez-vous : plus nous pratiquons et plus nous réussissons.