« Ce ne sont pas les événements de notre vie qui nous façonnent, mais nos convictions quant à leur signification. » Anthony Robbins
Y-a-t-il quelqu’un dans votre vie qui vous a inspiré pour devenir la personne que vous êtes aujourd’hui ? Pour moi, c’était mon grand-père, Charlie.
Charlie a grandi dans une ferme pauvre d’une petite ville de Caroline du Sud, puis il a fini cadre dans une entreprise du Fortune 250. Il était un enfant-modèle du rêve américain et je le respectais pour cela.
Mais ce que j’ai le plus admiré, c’est son caractère. Charlie était toujours content de la vie, quelles que soient ses circonstances. Il donna la priorité à un leadership consacré au service et mesura sa valeur personnelle sur la façon dont il servit les autres.
Les gens étaient attirés par lui à cause de ces traits de caractère.
Je n’ai passé que vingt-cinq ans avec mon grand-père, mais il a eu un impact énorme sur ma vie. Bien que j’aie beaucoup appris de lui au cours de cette période, les leçons les plus significatives sont arrivées vers la fin de sa vie alors qu’il mourait.
Charlie a été actif et en forme pendant la majeure partie de sa vie. Il a joué au football à l’université, au golf tout au long de sa vie d’adulte et était un excellent jardinier (il avait un jardin spectaculaire de roses et de tomates).
Mais tout cela a rapidement pris fin après le diagnostic de SLA (aussi appelé maladie de Lou Gehrig).
La SLA est une maladie incurable et fatale du système nerveux caractérisée par une faiblesse musculaire progressive dans la plupart des muscles du corps. Ses symptômes causent de la difficulté à marcher, à ramasser des objets et même à respirer.
En peu de temps, Charlie est passé du golf et du jardinage à l’incapacité de faire quoi que ce soit (à part regarder son corps dépérir lentement). Il ne pouvait pas conduire, avait besoin d’oxygène constamment et avait du mal à marcher seul.
Compte tenu de son état, on pourrait penser qu’il aurait affiché (au moins un peu) de la colère, de la frustration ou qu’il aurait été déprimé. Eh bien ce n’a pas été le cas. Au contraire, il était resté l’homme heureux et satisfait avec lequel j’avais grandi.
Au début, j’ai pensé qu’il cachait ce qu’il ressentait vraiment pour qu’il puisse rester le puissant patriarche de notre famille. Mais avec le temps, j’ai réalisé qu’il ne faisait pas semblant. Il était heureux malgré tout ce qu’il traversait.
En tant que jeune étudiante en droit, stressée et incapable de supporter le quart de ce qu’il endurait, je voulais savoir comment cela était possible. Alors, j’ai eu le courage de lui demander.
Charlie m’a dit que le bonheur n’a rien à voir avec notre situation ni avec ce qu’on ressent physiquement. Le bonheur est à propos de qui on est.
Malheureusement, je n’avais aucune idée de ce qu’il voulait dire, et Charlie avait le don de mettre fin aux conversations lorsqu’il sentait qu’il en avait assez dit : ce fut clairement l’un de ces moments. Alors, je me suis tue en espérant un jour le savoir.
Ce jour arriva quelques semaines plus tard, quand j’aidais Charlie à conduire la voiture de ma grand-mère à une station-service qu’il fréquentait. La journée était froide, grise et brumeuse, et Charlie avait beaucoup de difficulté à respirer et à marcher.
Quand nous sommes arrivés là-bas, le mécanicien a tenu à venir parler à mon grand-père (ce qui aurait dû être un indice de ce qui allait arriver, mais je n’en n’avais pas conscience). Après avoir discuté pendant quelques minutes, il est sorti pour se rendre au travail.
À mon grand désarroi, Charlie voulait le suivre. Tandis que j’aidais mon grand-père à se lever et à sortir, je me demandais si cela était une bonne idée et comment il allait supporter de rester debout dans le froid et l’humidité
Pendant les quarante-cinq minutes qui suivirent, Charlie resta dehors et parla au mécanicien pendant qu’il travaillait. Je devais souvent répéter ce que mon grand-père disait parce que sa voix s’affaiblissait, mais cela ne semblait pas avoir d’importance. Les deux hommes ont ri et ont apprécié la compagnie l’un de l’autre.
En rentrant à la maison, Charlie s’est assoupi et sa respiration était terrible. Plus tard dans la journée, je lui ai demandé pourquoi il avait utilisé tant d’énergie pour parler à un homme qu’il connaissait à peine et avec lequel il n’avait rien en commun.
Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit que ce qu’il allait dire était important et que je ferais mieux d’écouter.
Charlie m’a dit de ne jamais négliger les gens ni leur manquer de respect si facilement. Il a souligné que la plupart des gens sont sages et ont des leçons à enseigner. La clé est d’être ouvert et disposé à écouter.
C’est à ce moment que je l’ai su finalement.
Charlie était heureux et content à cause de la façon dont il se voyait, de sa place dans le monde et de ses habitants. Pour lui, la vie consistait à servir les autres et à créer des liens avec eux.
Mon grand-père croyait que tout le monde avait des dons uniques à partager avec le monde et que son rôle dans la vie était double :
- Bien comprendre ses propres dons et les utiliser pour servir les autres
- Permettre aux gens d’utiliser leurs dons à leur avantage et être prêt à apprendre d’eux
Charlie croyait que servir les gens faisait partie de sa relation avec eux. Il comprit qu’être au service s’exprime sous de nombreuses formes, y compris par le biais de simples moments de la vie quotidienne tels que prendre le temps et faire l’effort de parler à votre mécanicien pendant qu’il travaille sur votre voiture.
Une des choses que j’ai apprises de Charlie ce jour-là est de rester curieux à propos des gens, en particulier de ceux qui semblent différents. Il était fasciné par ces différences, et voulait savoir ce qui les motivait et ce dont ils rêvaient. Il désirait sonder leur âme.
Ce point de vue lui a permis de regarder les gens comme des êtres humains vulnérables, qui rêvent en grand et qui sont sensibles. C’est ce qui lui a permis d’être si ouvert aux autres et de les accepter, peu importe qui ils étaient, ce qu’ils faisaient dans la vie ou à quel point leurs croyances étaient différentes.
Charlie comprit également qu’établir une relation avec les autres et communiquer avec eux était à double sens. Communiquer avec les gens, c’est leur permettre de vous aider. Vous devez être prêt à montrer votre vulnérabilité.
La chose intéressante à propos de la vulnérabilité, à savoir accepter de l’aide et apprendre des autres, c’est qu’il s’agit en fait d’un acte de service. En vous ouvrant de cette manière, vous permettez à quelqu’un d’autre de pleinement réaliser et d’utiliser ses dons.
C’est pourquoi Charlie a accepté avec grâce sa vulnérabilité résultant de sa maladie, et c’est pourquoi il était content et même heureux durant ces dernières années difficiles.
Une fois que je compris la raison pour laquelle Charlie était toujours si content de la vie, peu importe les circonstances, cela soulevait une question importante. Comment pourrais-je être comme ça?
J’aimerais pouvoir vous dire que j’ai tout de suite compris cela. La vérité est que j’ai travaillé pendant des années pour arriver à un stade où je peux enfin dire que je me sens plus proche de l’endroit où je veux être, et j’y travaille toujours.
J’ai essayé à peu près toutes les pratiques mentales qui existent, de l’affirmation de soi à l’attitude positive. J’en ai abandonné beaucoup et je les ai toutes remaniées au fil du temps.
Voici ce qui a fonctionné pour moi (ce que je fais toujours de manière constante) :
1. Lorsque je suis confronté à des situations négatives et stressantes, je me rappelle que chaque expérience est une opportunité de croissance et de développement
J’identifie la leçon et me concentre sur cela. Ce n’est pas la même chose que toujours être positif. Il s’agit de ne pas rester bloqué dans la négativité.
2. J’observe les gens de près en public et j’essaie d’identifier les émotions et les sentiments qu’ils expriment
Ensuite, je vais plus loin en imaginant ce que pourraient être leurs rêves et ce qu’ils craignent. En fait, je suis curieuse. Cette pratique a développé chez moi une lecture plus intuitive des personnes (ce qui m’a aidé à la fois personnellement et professionnellement). Cela m’a également rendue plus tolérante et moins critique au sujet des gens et de leurs différences.
3. J’essaie d’ajouter chaque jour de la valeur à la vie de quelqu’un en étant gentille ou à son service
Cela peut vouloir dire aider un collègue dans son travail, contacter un vieil ami à qui je n’ai pas parlé depuis longtemps pour lui dire que je tiens à lui, ou faire des efforts pour être gentille avec une serveuse qui a été grossière (et qui n’a évidemment pas eu une bonne journée). Ce faisant, j’ai pris davantage conscience de mon environnement et des gens qui l’habitent et cela m’a aidé à mieux communiquer avec les gens plus rapidement. Ça m’a aussi rendue plus compatissante et gentille.
4. Je suis reconnaissante pour une petite chose chaque jour
J’ai trouvé que la gratitude m’aide à voir le bien dans le monde (et chez les gens) et à adopter une attitude plus positive, surtout si je me concentre sur les prétendues petites choses du quotidien. Quand les temps sont durs, je m’efforce d’être reconnaissante pour ce que les autres font pour moi. J’ai commencé cette pratique en luttant contre le cancer du sein. Cela m’a aidé à accepter ma vulnérabilité avec plus de grâce.
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Mon grand-père était un sage. J’aimerais qu’il soit ici avec moi maintenant, mais j’espère que le fait de partager ce que j’ai appris de lui perpétuera son héritage. Un héritage digne d’être transmis aux autres (et par eux).