Les personnes qui nous blessent sont des véhicules pour notre croissance


« Vous ne voyez chez les autres que ce que vous avez en vous. » ~ Annette Noontil

Je reconnais maintenant, après avoir observé mes schémas douloureux à maintes reprises, que les choses qui me font réagir ne sont que des leçons que je dois apprendre et qui me sont souvent offertes par le biais de personnes. Plus l’expérience est pénible, plus je peux voir (rétrospectivement) ce qu’elle m’a enseigné.

De temps en temps, quand mes pensées sont obsédées par une situation et sur la souffrance qu’elle me cause, je fais un pas en arrière. Je peux voir que les gens ne sont que le moteur de ma croissance et que des expériences douloureuses ne sont que de grands poteaux signalétiques qui me redirigent vers une vie meilleure.

Dans son livre, L’esprit dispersé,  le Dr. Gabor Maté a écrit: «Il est maintenant bien reconnu que les gens vont nouer des relations avec d’autres personnes exactement au même niveau de développement psychologique et d’acceptation de soi que le leur… Ce que nous pourrions appeler la loi du développement égal est valable même si les gens eux-mêmes adhèrent à la croyance selon laquelle l’un d’eux est plus mûr émotionnellement que l’autre. »

J’adore cette idée du Dr Maté, en particulier lorsqu’il cite l’exemple typique d’un couple marié dont l’un des conjoints semble fonctionner dans le monde avec plus de succès que l’autre. Quand on examine la relation de plus près, on s’aperçoit généralement que les deux personnes ont beaucoup de chemin à faire pour pouvoir vivre sainement en tant qu’individus plutôt que dans un état de codépendance.

Ce n’est pas un hasard si nous formons des relations avec des personnes qui nous font réagir. Nous sommes attirés par des personnes qui, d’une certaine manière, correspondent à nos propres problèmes, et de façon simultanée, elles nous mettent au défi et nous aident à guérir et à grandir.

Comme l’a récemment remarqué un homéopathe, deux personnes différentes s’attirent souvent : «L’une est dans la tête et doit apprendre à se connecter à son cœur, l’autre est dans le cœur et doit apprendre à se connecter à sa tête. »

Mais tout cela est vrai, qu’il s’agisse d’une relation intime ou plus distante. Si quelqu’un vous fait réagir (positivement ou négativement), il a quelque chose à vous enseigner. Michael Kerr dit simplement que «les gens gravitent autour de leurs miroirs émotionnels».

«Les gens ont tendance à se regrouper par niveaux de développement émotionnel pour différentes raisons, pas seulement le mariage», écrit Stanley Greenspan, «car ceux qui fonctionnent à différents niveaux parlent pratiquement différentes langues…. Les personnes très différentes sur le plan du développement ont en fait très peu de choses à se raconter. »

Il peut être difficile de regarder des personnes, que j’ai à une époque littéralement méprisées, comme des miroirs émotionnels – par exemple, une collègue jalouse qui a fait de son mieux pour me discréditer à plusieurs reprises. Cela ne signifie pas que je suis un despote parce que quelqu’un m’a tyrannisé (bien que cela puisse signifier cela pour quelqu’un d’autre) ; cela veut dire que nous avions toutes les deux un enjeu émotionnel semblable dans la même interaction.

Rétrospectivement, je constate que mon ancienne collègue a réveillé des souffrances provenant de ma relation d’enfance avec ma mère.

Le mode de fonctionnement de ma collègue consistait à s’en prendre à tout ce qui lui barrait la route sans retenue. Sa conduite non professionnelle est restée hors de contrôle et n’a pas été gérée, car elle avait été promue pour les résultats à court terme qu’elle avait obtenus.

Son comportement reflétait les propos violents que ma mère m’infligeait souvent quand elle se sentait très anxieuse.

Enfant, j’ai appris à éviter les ennuis en anticipant ses émotions et en recherchant à adopter une attitude parfaite, afin que je ne reçoive aucune critique (qui n’était généralement pas fondée) toujours proférée de manière implacable et injuste.

Non pas que j’étais passive, mais lorsque je voulais quelque chose, j’avais une attitude défensive, en me justifiant rationnellement plutôt qu’en établissant des limites saines à mes propres besoins et désirs.

Être critiqué publiquement par une collègue n’était donc pas quelque chose qui me paraissait rassurant. Mes tentatives discrètes pour rétablir la relation furent infructueuses, et ce n’est que lorsque j’ai pris la parole dans une réunion et que je lui ai dit de façon très claire que je ne lui permettrais pas (ni personne d’autre) de me harceler que j’ai obtenu son respect.

Cette expérience m’a permis de constater à quel point j’avais été blessée depuis mon enfance et m’a décidé à consacrer toute mon énergie à guérir cette vieille plaie plutôt que de créer d’autres situations qui lui faisaient écho.

Avec le recul et les années que j’ai passées en tant que parent, je peux maintenant voir que je n’étais pas responsable de l’anxiété de ma mère; mais que c’était plutôt une amplification de sa propre angoisse d’enfant provenant de la culture et de  l’environnement dans lesquels elle avait grandi, ainsi que de la façon avec laquelle elle gérait son comportement.

Bien qu’il soit plus facile pour moi de prendre de la distance par rapport aux problèmes qui me font réagir émotionnellement, je constate que je suis toujours réactive. Je crois que cela ne changera jamais car il n’existe aucun moyen plus sûr de savoir ce que nous voulons sans d’abord faire l’expérience de ce que nous ne voulons pas. Il est juste préférable de ne pas rester à se lamenter sur soi-même.

J’admets qu’il est parfois difficile de voir clair dans les émotions du moment, surtout lorsqu’il s’agit d’une situation que je suis en train de vivre. Quand je suis énervée, c’est toujours à propos d’autres personnes dont j’aimerai beaucoup obtenir l’approbation, tout comme ils aimeraient sans doute que je fasse de même pour eux ; il y a donc beaucoup de travail à faire.

Le point positif, cependant, est que je choisis surtout de le faire avec la volonté d’apprendre et de grandir plutôt que de me sentir impuissante et à la merci des autres.

Encore une fois, notez que j’ai dit surtout. Les vieilles habitudes ont la vie dure et il arrive encore souvent que je me tourne vers des confidents pour me plaindre de quelque chose. C’est pour cette raison que j’ai choisi de me confier à des personnes qui me ramènent gentiment vers une attitude d’observateur et une vision plus large de la situation.

Quand des évènements similaires se répètent, je sais alors que la vie m’offre un enseignement important. La vraie leçon et la manière dont je peux l’apprendre ne sont pas toujours immédiatement évidentes, mais l’expérience m’a appris que les choses deviennent claires quand c’est le bon moment. Mon travail consiste alors à gérer au mieux mes frustrations plutôt que de me critiquer.

Comme les leçons sont le plus souvent dispensées par d’autres personnes, j’essaie de ne pas les dénigrer. Je sais qu’à l’avenir, je les remercierai – même si ce n’est qu’intérieurement – pour le rôle qu’elles ont joué dans ma croissance et mon parcours de vie.

Alors, qu’est-ce qui vous fait réagir actuellement et qui est la cause de vos frustrations? Pensez aux situations passées où vous vous êtes senti de la même manière. À quand remonte la première fois que vous avez ressenti cela ? Essayez de voir le schéma et ce qu’il pourrait vous dire.

Plutôt que de souffrir telle une victime impuissante, essayez de voir les leçons que vous venez d’apprendre. Quelle que soit la manière avec laquelle la pièce est jouée, la vraie leçon sera un apprentissage pour vous aimer davantage ; ça l’est toujours.

Pouvez-vous imaginer un monde fait de gens qui cherchent leur pouvoir à travers l’amour qu’ils se portent, plutôt que d’essayer de le prendre des autres ? Eh bien, c’est un monde dans lequel j’aimerais vivre

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